La retranscription d'un entretien : outils, étapes et exemple

Comment retranscrire un entretien ? C’est une question que beaucoup d’étudiants et de professionnels se sont posés. La retranscription de l’enregistrement d’un entretien prend du temps et c’est pourtant un passage obligé dans la rédaction d’un mémoire ou d’une thèse.

Dans la recherche qualitative, il est souvent nécessaire de faire passer des entretiens (semi-directif, directif ou non directif), afin de collecter des données empiriques. Ces entretiens doivent ensuite être analysés, et pour cela il est nécessaire de les retranscrire.

Ne sous-estimez pas cette partie, c’est un travail long et parfois difficile.

Conseil d’organisation
Avant la retranscription, il faut s’occuper de l’enregistrement de l’entretien !

Qu’est-ce que la retranscription d’un entretien ?

La retranscription (aussi appelée la “transcription”) est l’étape qui arrive juste après l’enregistrement de l’entretien de recherche.

Très utile pour mener à bien une étude qualitative, cette étape doit servir de pont entre la réalisation de l’entretien de recherche et l’élaboration de la conclusion qui apparaîtra dans un mémoire, une thèse ou un rapport.

La retranscription permet à l’étudiant de dégager des conclusions et de les illustrer grâce auxdonnées récoltées (les réponses) pour bâtir son analyse.

Cette étape est souvent synonyme de travail technique, fastidieux, ennuyeux et long. Pour 1h d’entretien enregistrée et selon le type de retranscription choisi, il faut en moyenne :

  • 4h de retranscription pour une personne expérimentée.
  • 6h de retranscription pour un étudiant.
  • Soit 1h de retranscription pour 10 min d’entretien.

Combien de fautes dans votre document ?

Nos correcteurs corrigent en moyenne 150 fautes pour 1 000 mots. Vous vous demandez ce qui sera corrigé exactement ? Déplacez le curseur de gauche à droite !

Faites corriger votre document

Quel type de retranscription choisir ?

Il existe trois types de retranscriptions :

  1. La retranscription sociologique.
  2. La retranscription mot pour mot.
  3. La retranscription Ubiqus IO.

1. La retranscription sociologique

La retranscription sociologique est une transcription exacte du langage de la personne interrogée. Si la personne prononce “j’veux pas” il faudra le recopier de cette façon (et non pas “je ne veux pas”).

Ce type de retranscription est souvent utilisé pour les entretiens en sciences sociales. Il prend en compte les expressions non verbales (blanc, énervement, rire, doute, tristesse…). Toutes ces attitudes doivent être notifiées.

Question

Quelle est la particularité de la photographie qui vous donne envie de la pratiquer, plus qu’un autre art, pour exprimer quelque chose ?

Retranscription sociologique

(Sourire) Alors, en gros, depuis une cinquantaine d’année, mon obstination photographique documente l’évolution de … (blanc) mon regard. Il en résulte un faramineux corpus, une archive monstrueuse qui au fil du temps sédimente. (Blanc) Des fragments ou des cycles ou d’infinies variations, un étrange labyrinthe d’images et de visions. J’dirais que le moteur initial et toujours actif est … (blanc) un état de sidération face au réel, heu tu comprends ? Tu veux que j’aille plus loin ? (Réflexion) Ma pratique de la photographie est contemplative, magique, alchimique, chamanique. En un mot, vitale. Et donc c’est ça qui me la fait préférer à un autre art pour m’exprimer (sourire).

2. La retranscription mot pour mot

La retranscription mot pour mot reprend l’ensemble des mots prononcés par la personne interrogée. Il s’agit ici de prendre en compte les remarques annexes aux questions de l’entretien (ex : “C’est parti, on commence l’entretien”, “Ça va j’ai bien répondu à votre question ?”,  “Il serait utile de poser cette question à X personne”…).

À l’inverse de la retranscription sociologique, la retranscription mot pour mot transforme les “j’veux pas” en “je ne veux pas”. Il faut aussi supprimer les hésitations comme “heu…”.

Question

Quelle est la particularité de la photographie qui vous donne envie de la pratiquer, plus qu’un autre art, pour exprimer quelque chose ?

Retranscription mot pour mot

Alors, en gros depuis une cinquantaine d’année, mon obstination photographique documente l’évolution de mon regard. Il en résulte un faramineux corpus, une archive monstrueuse qui au fil du temps sédimente. Des fragments ou des cycles ou d’infinies variations, un étrange labyrinthe d’images et de visions. Je dirais que le moteur initial et toujours actif est un état de sidération face au réel, tu comprends ? Tu veux que j’aille plus loin ? Ma pratique de la photographie est contemplative, magique, alchimique, chamanique. En un mot, vitale. Et donc c’est ça qui me la fait préférer à un autre art pour m’exprimer.

3. La retranscription Ubiqus IO

Ce troisième type de retranscription supprime les répétitions, les erreurs de langage, les hésitations et les remarques annexes.

La retranscription rapporte juste les propos, réécrit si besoin pour ne pas apparaître en langage parlé.

Question

Quelle est la particularité de la photographie qui vous donne envie de la pratiquer, plus qu’un autre art, pour exprimer quelque chose ?

Retranscription Ubiqus IO

Depuis une cinquantaine d’année, mon obstination photographique documente l’évolution de mon regard. Il en résulte un faramineux corpus, une archive monstrueuse qui au fil du temps sédimente. Des fragments ou des cycles ou d’infinies variations, un étrange labyrinthe d’images et de visions. Je dirais que le moteur initial et toujours actif est un état de sidération face au réel. Ma pratique de la photographie est contemplative, magique, alchimique, chamanique. En un mot, vitale. C’est ça qui me la fait préférer à un autre art pour m’exprimer.

Tableau récapitulatif

Caractéristiques Exemple
Retranscription sociologique
  • Retranscription exacte de l’ensemble du langage (“j’vais vous dire…”)
  • Prendre en notes les expressions non verbales (sourire, peur, désespoir, énervement, …)
  • Souvent utilisé en sciences sociales.
“Heu, j’vais vous dire (blanc) : ce travail manque grave de considération. Tu veux que j’aille plus loin ? J’pense qu’on souffre d’un déficit d’image (soupire).”
Retranscription mot pour mot
  • Retranscrire l’ensemble des mots entendus.
  • Corriger les fautes de langage (noter “je vais vous dire” et non “j’vais vous dire”).
  • Noter les remarques annexes, les paroles entendues à côté des questions.
  • Souvent utilisé pour un sujet de mémoire qui vise à comprendre un phénomène.
“Je vais vous dire : ce travail manque grave de considération. Tu veux que j’aille plus loin ? Je pense qu’on souffre d’un déficit d’image.”
Retranscription Ubiqus IO
  • Supprimer les répétitions, les erreurs de langage, les hésitations et les remarques annexes.
  • Retranscrire le langage parlé dans un langage parlé.
  • Ce type de retranscription est utilisé pour un entretien avec un expert sur un sujet ou un phénomène extrêmement précis.
    “Je vais vous dire : ce travail manque vraiment de considération. Je pense qu’on souffre d’un déficit d’image.”

    Les outils de retranscription

    La retranscription est un travail long et pénible. Pour faciliter cette tâche il existe des outils afin de réaliser la retranscription de son entretien plus rapidement.

    Il en existe trois principaux :

    1. Des logiciels de retranscription gratuits ou payants.
    2. Des professionnels qui retranscrivent pour vous.
    3. Vous-même.

    1. Les logiciels de retranscription

    Il existe un grand nombre de logiciels pour ordinateur ou téléphone portable.

    Sur ordinateur :

    • Express Scribe. Avec ce programme, vous pouvez ralentir ou accélérer l’enregistrement. Il existe une version gratuite du logiciel.
    • Transcriva (pour Mac uniquement). Tout comme avec Express Scribe, vous pouvez accélérer ou ralentir l’enregistrement. Transcriva a aussi une fonction d’enregistrement automatique : vous pouvez retranscrire pendant l’enregistrement et Transcriva enregistre automatiquement votre travail entre les deux.
    • f4 (Windows) et f5 (Mac). L’avantage de f4 et f5 est que lorsque vous arrêtez un enregistrement et que vous le relancez, il se rembobine un petit peu automatiquement. Ainsi, vous savez où vous vous êtes arrêté. Vous pouvez aussi ajouter automatiquement ou manuellement les heures de la transcription, régler la vitesse de lecture et faire en sorte que les programmes sauvegardent automatiquement votre travail.

    Sur portable :

    • Transcribe Speech to text est l’application la mieux notée de l’Apple Store.
    • Dragon NaturallySpeaking. Avec ce programme, vous n’avez pas à taper vos enregistrements, car il les retranscrit automatiquement. Dragon NaturallySpeaking n’est malheureusement pas gratuit et il faut un certain temps pour que le programme se formate en fonction de la voix.

    S’ils sont le plus souvent gratuits, ces logiciels s’avèrent imparfaits dans la retranscription proposée. Il faut être attentif aux phrases retranscrites souvent inexactes. Gardez en tête que cela peut représenter une perte de temps.

    2. La retranscription par un professionnel

    De nombreux sites proposent de rédiger pour vous votre retranscription d’entretien.

    Vous pouvez par exemple utiliser les services des professionnels de la transcription Ubiqus IO. Ils mettront tout ce qui est dit dans l’entretien audio par écrit, en omettant les remarques d’ordre général, les répétitions inutiles et les erreurs.

    Grâce à un réseau de professionnels, vous pouvez obtenir une retranscription de très bonne qualité en seulement quelques jours, voir quelques heures.

    Si cet outil s’avère utile en cas de manque de temps, il est souvent très coûteux (comptez 100 € par heure d’entretien à retranscrire).

    3. Faire la retranscription vous-même

    Et si le meilleur outil pour effectuer une retranscription, c’était vous ?

    Si le temps vous le permet, réaliser la retranscription de votre entretien vous permettra de découvrir des nouveaux éléments de réponse à analyser. Vous gagnerez du temps lors de l’étape de l’analyse des données.

    Votre conclusion pourra soulever des aspects qui auraient pu passer à la trappe si vous n’aviez pas effectué vous-même ce travail de retranscription.

    Les outils de retranscription : tableau récapitulatif

    Cas de figure Avantages Limites
    Retranscription par un logiciel ou une application Si vous manquez de temps.
    • Outil pratique pour obtenir une retranscription rapide.
    • Gratuit ou peu coûteux : même les versions payantes des applications de retranscription restent abordables (souvent moins de 10 €).
    • Assez simple d’utilisation.
    • Résultats souvent de mauvaise qualité : ces applications ne fournissent pas une retranscription parfaite.
    • Les relectures nécessaires peuvent engendrer une perte de temps.
    •  Fautes d’orthographe possibles.
    • Impossible de choisir un type de retranscription.
    • Si les personnes interrogées ont un accent, le logiciel risque de ne pas bien retranscrire.
    Retranscription par un professionnel Si vous manquez de temps et que vous avez les moyens.
    • Retranscription de très bonne qualité.
    • Possibilité de choisir entre les trois types de retranscription.
    • Rendu rapide.
    • Prix très élevé : cet outil est un investissement pour un étudiant.
    • Qualité du rendu variable selon le professionnel en charge de votre retranscription.
    • Ne pas faire la retranscription soi-même c’est potentiellement passer à côté de certaines informations à analyser.
    Retranscription par vous-même Si vous avez le temps.
    • Outil totalement gratuit.
    • Satisfaction d’avoir mené un travail de bout en bout.
    • Investissement dans le temps : utile par la suite pour rédiger une conclusion plus rapidement et de façon plus efficace.
    • Retranscrire demande du temps : en moyenne 6 heures pour 1 heure d’entretien.
    • Des fautes d’inattentions par rapport aux caractéristiques de votre retranscription peuvent se glisser.
    • Fautes d’orthographe possibles.

    Conseil récapitulatif :
    Pour retranscrire votre entretien, il sera plus efficace de retranscrire vous-même celui-ci. Si vous manquez de temps et que vous avez une somme d’argent disponible pour ce travail, vous pouvez vous tourner vers un professionnel. Cet outil vous permet de vous faire gagner du temps et d’avoir une retranscription de qualité. En dernier cas, optez pour les logiciels ou applications de retranscription.

    Retranscription un entretien en 4 étapes

    L’étape de la retranscription fait le pont entre la récolte des informations lors de votre entretien et l’analyse de ces données qui vous mènera à votre conclusion.

    Pour y parvenir vous pouvez suivre les 4 étapes suivantes :

    1. Choisir le type de retranscription : parmi les trois types de retranscription, décidez lequel est le plus pertinent en fonction de votre sujet de mémoire et de l’entretien que vous allez (ou avez) effectuer.
    2. Définir l’outil pour retranscrire : grâce à un logiciel, par le biais d’un professionnel, ou par vous-même, trouvez le bon outil pour retranscrire votre entretien dans les temps.
    3. Retranscrire : lancez-vous dans la retranscription de votre entretien en soulignant les passages importants. L’analyse des données démarre à cette étape. Si vous êtes passé par un logiciel ou un professionnel, prenez le temps de vérifier qu’il n’y a pas d’erreurs ou de fautes. En avance, estimez le temps que cela va vous prendre !
    4. Analyser les données et rédiger une conclusion à partir de la retranscription : après la retranscription, et à partir des premières analyses, établissez un plan de rédaction pour construire l’argumentation de votre conclusion.

    Combien de fautes dans votre document ?

    Nos correcteurs corrigent en moyenne 150 fautes pour 1 000 mots. Vous vous demandez ce qui sera corrigé exactement ? Déplacez le curseur de gauche à droite !

    Faites corriger votre document

    7 conseils pour la retranscription d’un entretien

    Conseil n°1 : au lieu des applications pas toujours performantes et parfois payantes, vous pouvez directement retranscrire votre entretien grâce à l’outil “dictée vocal” de votre ordinateur.

    Conseil n°2 : Face aux prix des professionnels de la retranscription (autour de 100 € l’heure d’entretien enregistré), pourquoi ne pas demander de l’aide à un proche en qui vous avez confiance ? Vous pourriez le rémunérer à hauteur de 30 € ou 40 € ou bien lui rendre un service plus tard.

    Conseil n°3 : Si vous choisissez de retranscrire vous-même votre entretien, il est important de le faire au plus vite après la fin de celui-ci pour être le plus performant possible. Attention néanmoins : faite vous des sessions de retranscription espacées pour garder votre efficacité et éviter les étourderies.

    Conseil n°4 : Dans le cas où vous avez choisi de faire retranscrire votre entretien par un logiciel ou une autre personne : prenez le temps de bien relire l’entretien pour ne pas passer à côté d’éléments de réponses importants.

    Conseil n°5 : Si vous choisissez de réaliser une retranscription sociologique, favorisez l’enregistrement vidéo lors de votre entretien. Lors de votre retranscription, vous pourrez noter et analyse plus facilement les éléments non verbaux (rire, sourire, doute, anxiété, … ).

    Conseil n°6 : Lors de l’enregistrement audio ou vidéo, parlez de façon intelligible et assurez-vous que votre matériel enregistre correctement. Il n’y a rien de pire que de devoir retranscrire un enregistrement de mauvaise qualité.

    Conseil n°7 : Faite relire votre travail de retranscription. Qui dit tâche fastidieuse dit souvent perte de concentration, et donc quelques fautes de frappe ou d’orthographe possibles.

    Exemple d’une retranscription d’entretien

    Retranscription d’un entretien semi-directif entre Jean (personne interrogée) et Alice (chercheure), au sujet du sentiment politique. Nous avons utilisé la retranscription de type sociologique.

    Date : dimanche 16 novembre 2019.

    Durée : 1 h 20 min.

    Entretien semi directif par Skype : Jean a subi une appendicite inattendue quelques jours auparavant et n’est donc pas dans la possibilité de se déplacer.

    Lieu : Alice est dans la salle à manger et Jean semble être dans un bureau (PC fixe,
    papier peint beige neutre, peintures apparemment personnelles faites par un membre de la famille, étagères remplies de livres, photos de famille, imprimante, bouquet de fleurs séchées).

    Profil : Jean est agent technique chez Cegelec (un groupe industriel français présent dans l’ingénierie technique et les services technologiques aux entreprises privées et aux collectivités).

    Il s’agit d’une retranscription sociologique complète de l’entretien individuel entre Alice et Jean.
    Il y a des changements entre le tutoiement et le vouvoiement au cours de l’enquête. A la fin de l’entretien Jean demande à voir notre dossier final si « on veut bien ». Par la suite il consultera le compte LinkedIn d’Alice sans l’ajouter à ses relations.

    « Bonjour, je m’appelle Alice et je suis étudiante à l’Université de Toulouse. Je voudrais vous remercier d’avoir accepté de participer à cette enquête. Vous êtes originaire de la région de Toulouse ?
    – Oui, je suis né à Toulouse
    – D’accord, donc vous avez toujours vécu ici, dans la région ?
    – Oui.
    – D’accord, donc du coup vous avez passé votre enfance dans une école de la ville ?
    – Oui.
    – Est-ce que vous pourriez m’expliquer un peu votre parcours, où vous êtes allé à l’école, ce que vous avez étudié ?
    – Eh beh, le truc classique. J’ai fait une seconde électro-technique. Voilà. Pour avoir un bac électrotechnique. Et après je suis rentré en IUT électrotechnique à Toulouse. Voilà.
    – Eh donc après vous avez directement commencé à travailler comme électricien ? Parce que Martin m’a dit que vous étiez électricien.
    – Je ne suis pas électricien.
    – Ah eh c’est ce qu’il m’avait dit.
    – C’est comme électricien, c’est pareil. Normalement mon boulot c’est instrumentiste. C’est pareil c’est comme de l’électricité mais c’est plus précis, c’est tout ce qui est instruments.
    – D’accord. Donc vous bougez pas mal. Il m’avait dit que vous travailliez dans la région mais que vous alliez aussi autour de Toulouse.
    – Oui j’étais à Boussains, c’est à côté de St-Gaudens, je sais pas si tu connais.
    – Pas beaucoup non.
    – C’est à côté de St-Gaudens. Après normalement je devais aller à Seth. A côté de Narbonne. Mais je ne peux pas y aller parce que je suis en arrêt de travail. Sinon après je reste dans la région de Toulouse. Avant j’allais plus loin. Quand je faisais de longs déplacements le plus loin où je suis allé c’est sur Bordeaux. Entre Bordeaux et Seth. C’est le plus loin que j’ai fait quand je travaillais dans les centrales nucléaires.
    – Ah oui d’accord. Et donc du coup est-ce que vous vous sentez impliqué dans ce qui se passe à Toulouse au niveau par exemple de la culture ou des choses comme ça. Est-ce que vous vous sentez intégré dans la vie toulousaine ?
    – (BLANC). Vous voulez dire en tant que Toulousain ?
    – Oui, est-ce que vous participez à des associations ?
    – Non parce que là je suis à Masseube. A Toulouse je n’y suis que la semaine chez mes parents parce que je travaille sur Toulouse.
    – D’accord.
    – Et le weekend je m’en vais chez moi à Masseube donc à côté de Toulouse.
    – D’accord, donc vous êtes toulousain mais vous ne sentez pas intégré dans la vie Toulousaine notamment associative.
    – Oui mais je ne pourrais pas, comment dire (BLANC) Pour les associations c’est le weekend qu’on fait des choses et moi le weekend je suis sur Masseube. Je ne suis pas sportif. Du point de vue culturel à part le cinéma…Voilà. S’il y avait des trucs intéressants, parce qu’il y a quand même… – Enfin c’est que le weekend je vois ma femme, elle vient du Gers… Et Toulouse, c’est pas très loin et c’est vrai qu’on va plus facilement au cinéma ou au théâtre, mais quand on a passé toute la semaine, quand on rentre chez soi après on a envie de rester à la maison. On a de quoi s’occuper avec le jardin, voilà. Et puis ma femme je la vois que le weekend.
    – D’accord oui, donc vous êtes remarié. Parce que Martin ne m’en a pas parlé.
    – Oui, s’il t’a raconté, euh vous (vouvoiement ou tutoiement). Martin… Oui je me suis remarié.
    – Oui Martin m’a dit que vous étiez séparé de sa maman mais ne m’a pas dit que vous vous étiez remarié. Votre femme est aussi de Toulouse?
    – Oui elle est de la région. On travaillait tous les deux à Toulouse et elle est partie de Toulouse parce que juste après l’histoire qu’il y a eu avec AZF …parce que moi je ne dis pas la sécurité mais enfin… Elle, elle est de l’autre côté de la Garonne. Ce jour là je n’étais pas là, quand ça a explosé. J’étais sur la route et heureusement car sinon je ne serais peut-être pas en train d’en parler maintenant. Donc c’est vrai qu’après je ne voulais plus travailler sur Toulouse. Ma femme avec son travail d’ambulancière elle en avait marre de son boulot aussi donc on avait décidé tous les deux de partir c’est pour ça qu’on est à Masseube. Sinon on travaille encore sur Toulouse, le travail est sur Toulouse. Donc ça aurait été plus logique qu’on reste sur Toulouse.
    – Oui mais c’est vrai qu’après cet évènement c’était un peu compliqué. (BLANC). Et après par rapport à la politique locale de Toulouse, est-ce que vous votez sur Toulouse ? Par exemple pour les élections municipales vous avez voté sur Toulouse ?
    – Je vote où je réside. Quand je vivais sur Toulouse je votais à Toulouse et maintenant je vote sur Masseube. Le maire de Masseube est plus important pour moi que le maire de Toulouse.
    – Oui logique. Est-ce que vous utilisez certains moyens d’information comme les journaux, la TV, Internet? Comment vous-informez vous en terme d’actualité ?
    – Je regarde la télé et un peu sur Internet. J’écoute la radio quand je suis sur la route.
    – Est-ce que vous avez entendu parler des manifestations qui ont récemment eu lieu à Toulouse ? Sur notamment ce qui se passe à Sievens ou alors contre les violences policière ?
    – Oui.
    – Et qu’en pensez-vous de ce qui se passe à Toulouse en ce moment, des problèmes qu’il y a ?
    – Qu’est-ce que je pense de quoi ?
    – Des violences policières qui se déroulent lors des manifestations notamment ?
    – Eh bien disons que s’il n’y avait pas de casseurs dans les manifestations, des groupes extrémistes et bien peut-être que les violences policières n’auraient pas eu lieu. Voilà, c’est un point de vu personnel. Peut-être que aussi il ne faut pas être dans un Etat policier, mais s’il n’y avait pas la police ce serait peut-être un peu plus anarchique que ce qu’on a. Je n’excuse pas la mort de Rémi mais quand les flics se prennent des coups comme ça… c’est des hommes comme les autres… c’est vrai que dernièrement ils sont beaucoup à manifester alors qu’avant ils étaient pas nombreux. Ca devient grave. C’est vrai que le matin quand j’étais sur la route pour aller travailler j’écoutais la radio et il y avait un reportage où on faisait parler les flics qui disaient que leur métier c’était une vocation mais à force ils ne se sentent plus bien. Quand tu te sens pas bien dans ton travail je veux dire il y a un mal-être actuel qui peut être général comme dans la police quoi. Il y a tellement un mal-être que je pense que … c’est vrai que bon quand j’étais dans mon boulot à Toulouse quand il y a eu l’explosion à l’AZF et bien j’étais pas bien dans ma peau et je ne savais pas assumer mon travail.
    – Est-ce que vous pensez que c’est surtout lié au contexte de crise ?
    – C’est vrai que là aussi, bon tu as parlé de Sievens alors on va parler de Sievens. C’est bien beau les écologistes mais il ne faut pas oublier… Il faut prendre en compte le point de vue de tout le monde. Parce que j’ai beaucoup entendu parler des paysans qui ont besoin de ces retenues d’eau. Si on ne fait pas le barrage ils vont manquer d’eau, s’ils manquent d’eau ils ne pourront pas faire leur production, s’ils ne font pas leur production ils ne vont pas avoir de quoi pouvoir vivre… C’est un peu comme les gens comme Bové qui détruisent les « pins fraiches » c’est ça ? Le jour où vraiment on arrête le traditionnel et que les gens veulent trouver de quoi manger et que les gens crèveront de faim on dira « Eh on a faim ». Ils détruisent les cultures .. Ils faudrait lasser ces cultures, faire des tests, études pour voir si c’est dangereux ou pas dangereux.. Bon c’est vrai qu’il y a des lobbies, des grosses sociétés qui ont beaucoup d’enjeux,… Mais je veux dire un jour ou l’autre quand la population mondiale sera trop importante il faudra nourrir ces gens là et si on continue à faire une future traditionnelle comme on le fait actuellement je pense qu’il n’y aura pas assez pour tous ces gens. On le voit d’ailleurs actuellement avec ce qui s’est passé l’année dernière avec le blé en Bourgogne… les prix ont sacrement augmenté sur le blé et ça a poussé les peuples en URSS où il y avait eu la sécheresse et les champs de blé avaient brulé, je veux dire qu’il faut essayer de voir dans le futur ce qui peut se passer. Et le truc de Sievens aussi, bon ce que j’ai entendu dire, bon je ne sais pas je ne m’en suis pas occupé du sujet parce que ça me concerne pas, mais je veux dire que c’est un projet qui date d’il y a 10 ans. Il y a 10 ans ils ont fait des études, ils ont demandé à des gens nanani nanana et ils ne l’ont fait que 10 ans après et au bout de ces 10 ans ils ont pas refais d’études, voilà, ils ont IM-PO-SÉ. Et c’est ça qui a fait qu’àun moment donné, les gens ont tellement marre qu’on leur impose les choses qu’ils se rebiffent quoi, je les comprends. Il faut voir aussi que ce barrage est très important pour la région mais que c’est quelque chose d’économique. Il ne faut pas ignorer que ces gens ont besoin de l’eau pour leur boulot aussi : la retenue d’eau à lieu d’être, maintenant il faudrait faire des études supplémentaires pour essayer de voire pour autre chose. Bon il ne faut pas toujours être entièrement contre, il faut arriver à un juste milieu. Que l’Etat se concerte. Bon c’est malheureux à dire, mais je crois que maintenant on arrive un peu à une période où on impose les choses, on ne demande pas aux gens. C’est comme nous au travail c’est pareil on nous demande pas, c’est tout simple même pour une tenue de travail : on ne demande pas ce qu’on aurait besoin voilà.
    – Vous pensez qu’il y a un problème de communication ?
    – Oui il y a un problème de communication et je veux dire que sur les tenues de travail à un moment donné on nous a donné des tenues de travail sans poches, on ne pouvait pas mettre les outils de travail où on voulait. Nous quand on va travailler sur place si on a besoin d’une poche pour mettre un stylo bah ça ne fonctionne pas. Je veux dire on nous impose et on nous demande pas notre avis.
    – C’est ce qui se passe aussi en politique quand ils font des lois non adaptées ?
    – Après tout le monde s’est plaint parce que c’était pas pratique et après ils ont refait des trucs, ils nous ont redonné d’autres vêtements et les autres sont partis à la poubelle. Alors où vous voyez qu’il faut faire des économies là-dedans ? Ils ont voulu acheter des vêtements bon marché et en fin de compte on les a mis à la poubelle. C’est que maintenant il y a l’élite, il y a les (BLANC) … Disons qu’avant il y avait l’ouvrier, il y avait le technicien supérieur, il y avait l’ingénieur et il y avait le patron. Et maintenant la hiérarchie elle est tellement caractérisée: moi je suis technicien supérieur et je fais le travail d’un ouvrier, et les ingénieurs bon bref. A un moment donné on fait un autre boulot que le notre. On ne nous concerte pas sur notre façon de travailler.
    – Il y aurait donc un réel problème de communication qui aboutit à des pertes en termes d’argent notamment ?
    – Oui. Il y a aussi par rapport à Sievens, quand on regarde tout ce qui a été mis en service, tout ce qui a été fait avec tout cet argent pour tout ça. C’est de l’argent qui va être foutu en l’air. C’est un peu comme l’éco-taxe, parce que l’éco-taxe …les gens ont gueulé c’est normal parce qu’il faudrait peut-être l’adapter. Les gens ont gueulé et puis en fin de compte ils l’ont abrogée l’éco-taxe. En attendant quand on regarde tous les portiques… Les sociétés qui ont travaillé, la société qui s’occupait de tout ça et bien en fin de compte ça va lui revenir EXTREMEMENT (il appuie le terme) cher et ça va être toujours pareil, ça va être toujours les mêmes qui vont payer. Parce que déjà regarde bien l’éco-taxe ils parlent de mettre 6 centimes sur l’essence pour ne pas avoir passé l’éco-taxe. Et en fin de compte pour un truc qui allait concerner une seule catégorie de personne, je ne dis pas que c’est normal ils auraient dû adapter par rapport aux étrangers notamment, je veux dire tout le monde va payer pour un truc qui nous concerne pas.
    – Que pensez-vous du fait que les politiques ne terminent pas leurs projets, ce qui induit une grosse perte d’argent ?
    – C’est ce que je te dis. Les projets mettent tellement de temps à se mettre en oeuvre. Parce que l’éco-taxe c’est le rendement avant tout: le temps qui fasse des données, des tests et tout ça…deux trois ans après les gens ils en ont tellement marre d’être sur-fiscalisés que cette taxe en plus n’est pas passée. Peut-être que dès que cette taxe a été voté elle serait passée à l’époque. C’est-à- dire qu’il y a un problème de délais en fait.
    – En quoi et comment avez-vous entendu les gens parler de ces problèmes d’éco-taxe, de Sievens dans la région ? Notamment au niveau familial, en avez-vous parlé avec votre famille ?
    – Non, pas du tout. Déjà j’en discute pas. C’est pas le peu où je suis à Toulouse que j’en discute avec mes parents. Et puis Martin je ne le vois que de temps en temps donc on peut pas en discuter. Et c’est vrai que quand je suis chez moi j’ai envie de discuter d’autre chose que des problèmes. On arrive à un certain moment où on s’est presque fait une bulle avec notre monde et on essaie de se protéger nous-même … (BLANC) parce que si on continue à parler de nos problèmes on s’en sort plus parce qu’avec les problèmes au travail, les problèmes ici, les problèmes et tout nanana si tout s’ajoute on va penser qu’à ça.
    – Est-ce que vous pensez qu’en politique on ne parle que des problèmes actuellement et qu’on ne parle pas de ce qui pourrait être une bonne réforme ? En quoi vous pensez qu’au final la politique on ne la met que dans une case négative ?
    – J’ai l’impression oui. Le problème aussi c’est qu’on critique le gouvernement. Chaque fois que le gouvernement fait quelque chose, regarde, si c’est la gauche, c’est la droite qui va dire au scandale et si c’est la droite c’est le gauche qui crie au scandale. A force et quand on voit toutes ces histoires de magouilles de truc comme ça, à force les Français4 en ont marre. Si on regarde le truc aussi avec tous les privilèges. Hollande qui promet de baisser les frais de l’Elysée mais chaque année ils arrêtent pas d’augmenter donc à un moment les gens ils en ont tellement marre qu’après on va arriver à (BLANC) je ne dis pas une révolution5 mais un jour où quelqu’un en aura tellement marre que ça risque d’être assez dangereux je pense. Je ne dis pas qu’on va arriver comme mai 68 mais … Regarde, il ne faut pas grand chose pour que les gens qui en ont vraiment marre … voilà…

    L’étape de la retranscription d’un entretien de recherche est une phase primordiale pour mener à bien une étude qualitative.

    De l’efficacité de cette étape repose la pertinence de l’analyse des données, et donc la qualité de la conclusion de votre étude.

     

    Citer cet article de Scribbr

    Si vous souhaitez citer cette source, vous pouvez la copier/coller ou cliquer sur le bouton “Citez cet article” pour l’ajouter automatiquement à notre Générateur de sources gratuit.

    , . (2019, 15 novembre). La retranscription d'un entretien : outils, étapes et exemple. Scribbr. Consulté le 18 décembre 2024, de https://www.scribbr.fr/methodologie/retranscription-entretien/

    Cet article est-il utile ?
    Gaspard Claude

    Gaspard est rédacteur pour Scribbr. Il était étudiant en journalisme, puis en Sciences Politiques il y a peu. Il tente d’aider au mieux les étudiants à travers des articles pédagogiques utiles et clairs.