Niveau de langue dans un Mémoire, une Thèse ou un Rapport de stage

Pour rédiger une thèse ou un mémoire ou un rapport de stage en français, il est important d’avoir une idée claire du registre de langue approprié dans un document académique. En effet, si chaque auteur peut développer un style rédactionnel qui lui est propre, certaines expressions et tournures de phrase passent mal dans le cadre « formel » de l’université et certains mots sont tabous.

Pour trouver le ton juste et améliorer le style de votre texte, un conseil fondamental : ne perdez pas de vue votre cible. Gardez en tête les points suivants :

  • La thèse (ou le mémoire) s’adresse d’abord à un auditoire particulier : les membres du jury chargés d’évaluer votre travail, des universitaires le plus souvent. A priori, vous manifestez à leur égard un certain respect, qui se traduit par une utilisation respectueuse de la langue et d’un registre relativement soutenu.
  • Votre document s’adresse également à vos pairs, vos collègues et, plus largement, les chercheurs du monde entier. A priori, vous êtes un expert dans votre domaine et il s’agit de vous exprimer de manière claire et précise, afin de bien vous faire comprendre.
  • Enfin, parce que votre objectif est de déployer un raisonnement, et de convaincre vos lecteurs de la justesse de vos conclusions, il est essentiel de rester dans un registre scientifique. A priori, un autre chercheur qui aurait mené les mêmes travaux auraient pu en tirer les mêmes conclusions : ces conclusions appartiennent à la Science, et ne sont pas votre propriété personnelle. En règle générale, le ton d’une thèse ou d’un mémoire doit donc être objectif, et l’auteur doit s’effacer devant le contenu.

Pour résumer en une phrase, pour donner un style académique à une thèse ou un mémoire, l’auteur doit être respectueux de la langue, précis, simple et objectif.

Vous trouverez dans les tableaux ci-dessous des conseils plus précis, illustrés par quelques exemples.

Respectez les formes et l’usage académique de la langue

Usage académique
À éviter Exemples Formulation préalable
Langage parlé (1)
Évitez certains termes ou locutions usuels qui conviennent davantage au langage parlé, comme par exemple « c’est-à-dire que » (préférez « en effet », « plus précisément ») ou « d’abord » (préférez « en premier lieu », « dans un premier temps »).
« La région est linguistiquement homogène, c’est-à-dire que la quasi totalité de ses habitants parlent la même langue. »
« D’abord, ce stage m’a permis de développer mon expérience. »
« Nous étudierons d’abord les rapports entre les différents protagonistes. »
« La région est linguistiquement homogène ; en effet, la quasi totalité de ses habitants parlent la même langue. »
« Premièrement / en premier lieu, ce stage m’a permis de développer mon expérience. »« Dans un premier temps, nous étudierons les rapports entre les différents protagonistes. »
Langage parlé (2)

Méfiez-vous des tics de langage et des termes « parasites » qui n’ajoutent rien au sens de la phrase.

« Donc », « avouons-le », « un petit peu », « voilà », « c’est clair », « du coup », … Rien.
Langage parlé (3)

Dans une tournure restrictive (ne… que…), n’oubliez pas la première partie de la négation.

« La littérature scientifique aborde qu’une partie du problème. » « La littérature scientifique n’aborde qu’une partie du problème. »
Langage parlé (4)

Dans une tournure interrogative, n’oubliez pas le sujet grammatical inversé.

« Quel impact cela peut avoir ? » « Quel impact cela peut-il avoir ? »
Langage familier (1)

Évitez les termes et locutions usuels du registre familier (argot, expressions populaires).

« Carrément », « super », « bosser », « blague », … « Complètement », « très », « travailler », « plaisanterie », …
Langage familier (2)

Évitez les formes contractées (en particulier « c’est »).

« C’est au gouvernement de faire accepter la loi. » « Il revient/appartient au gouvernement de faire accepter la loi. »
Langage familier (3)

Limitez le recours au futur proche (aller + verbe à l’infinitif).

« Dans un second temps, nous allons nous intéresser aux différents acteurs impliqués. » « Dans un second temps, nous nous intéresserons aux différents acteurs impliqués. »
Langage familier (4)

Évitez les termes à connotation affective / subjective.

« L’entreprise X a pratiqué une discrimination à l’égard de nos candidats. »

« Enfin, nous détaillerons un petit exemple pour illustrer nos propos. »

« Nous avons passé un bon moment à préparer ces tests. »

« L’entreprise X a pratiqué une discrimination à l’égard des candidats » / « des candidats que nous avons retenus. »

« Enfin, nous détaillerons un exemple pour illustrer nos propos. »

« Nous avons passé x heures/jours à préparer ces tests. »

Termes abrégés

En règle générale, bannissez les abréviations, préférez les termes entiers.

« Télé », « photo », « gym », « macho », « pub », « prof », … « Télévision », « photographie », « gymnastique », « machiste », « publicité », « professeur », …
Termes étrangers

Remplacez les termes étrangers par leurs équivalents français (sauf pour un terme passé dans le langage courant). N’oubliez pas également d’éviter les locutions régionales !

« Business », « scoop », « benchmark », « email », « weekend », … « Affaires / activités commerciales », « exclusivité », « étude comparative », « e‑mail » ou « courriel », « week‑end » ou « fin de semaine », …
Abus de langage & anglicismes

Soyez rigoureux, voire puristes, dans vos choix lexicaux : assurez-vous d’utiliser les locutions à bon escient.

« En termes d’efficacité »

« Au point de vue de l’économie »

« Du point de vue économie »

« Au plan de », « au niveau de »

« En matière d’efficacité »

« Sur le plan de l’économie » « Sur le plan économique »

« Sur le plan de », « En ce qui concerne »

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Préférez les formulations précises de manière à exclure toute ambiguïté

Usage académique
À éviter Exemples Formulation préalable
Voix passive

Privilégiez la voix active, plus directe, plus simple, et qui permet éventuellement de préciser le sujet de l’action.

« Des études sur le sujet ont été réalisées en partenariat avec des laboratoires pharmaceutiques. » « Les chercheurs du département ont réalisé des études sur le sujet en partenariat avec des laboratoires pharmaceutiques. »
Doubles négations

Privilégiez les formes affirmatives, plus simples, plus directes et plus convaincantes.

« Les industriels ne sont pas sans savoir que… » « Les industriels savent que… »
Tournures impersonnelles

Évitez surtout la forme « Il y a ». Notez qu’il suffit parfois simplement de retourner la phrase.

« Il y a des étudiants qui fréquentent l’école uniquement le mercredi »

« Il y a des avis opposés des différents auteurs sur ce sujet. »

« Il y a une dizaine d’enquêtes publiées sur le sujet ».

« Il y a plusieurs moyens de contourner le problème. »

« Il y a différents types de profils au sein du groupe A. »

« Certains étudiants fréquentent l’école uniquement le mercredi »

« Les auteurs s’opposent sur ce sujet. »

« On compte une dizaine d’enquêtes publiées sur le sujet. »

« Il existe plusieurs moyens de contourner le problème. »

« On distingue (trouve, observe) différents types de profils au sein du groupe A. »

Verbes « être » et « avoir »

Préférez des termes plus précis ou moins communs pour enrichir votre texte.

« L’achat d’une nouvelle machine est un investissement important. »

« Le groupe a des filiales dans le monde entier. »

« Le risque de crédit est le risque qu’un créancier n’honore pas ses dettes. »

« L’achat d’une nouvelle machine représente un investissement important. »

« Le groupe possède des filiales dans le monde entier. »

« Le risque de crédit correspond au risque qu’un créancier n’honore pas ses dettes. »

Phrases elliptiques

Privilégiez les phrases complètes.

« Difficile alors pour les industriels d’avoir de la visibilité sur leurs marges. »

« Voici un exemple de processus, dans le tableau ci-dessous. »

« Résultat, la production s’est effondrée. »

« Dès lors, il devient difficile pour les industriels d’avoir de la visibilité sur leurs marges. »

« Le tableau ci-dessous présente un exemple de processus. »

« Cela a généré un effondrement de la production. »

Clichés et formules toutes faites

Concentrez-vous sur le sens que vous souhaitez donner à vos propos et à la valeur ajoutée de chaque mot.

« Où cela va-t-il nous mener ? »

« Un serpent de mer », « une usine à gaz », …

NA

Limitez les interprétations personnelles et toute emprise affective.

Usage académique
À éviter Exemples Formulation préalable
Style emphatique (1)

Bannissez les tournures exclamatives.

Pas question pour les agriculteurs de diminuer leur production après tous les investissements engagés ! Après tous les investissements engagés, il est difficilement envisageable pour les agriculteurs de diminuer leur production.
Style emphatique (2)

N’abusez pas des superlatifs (très, le plus, le moins).

« Cette étude est de loin la plus complète qui existe sur le sujet. » « Cette étude sur le sujet est particulièrement riche / couramment reconnue comme l’une des plus complètes. »
Style emphatique (3)

Évitez les adverbes d’intensité (si, tant, tellement, trop).

« Les coûts ont tellement explosé que de nombreuses entreprises n’ont pas pu faire face. » « De nombreuses entreprises n’ont pas pu faire face à la forte croissance des coûts. »
Style emphatique (4)

Privilégiez un style direct.

« Cette reprise économique, les industriels l’attendaient depuis longtemps. » « Les industriels attendaient depuis longtemps cette reprise économique. »
Style emphatique (5)

Évitez les exagérations et généralisations abusives ou ronflantes.

« De tout temps »

« Les gens sont, par nature, orgueilleux. »

 

NA

Référence à l’auteur

Employez la première personne avec modération. Le « je » ou le « nous » peuvent servir à exprimer un jugement personnel, mais doivent être évités dans le cadre d’une description objective. En règle générale, préférez le « nous » (dit « de modestie »).

« Je pense », « à mon avis », « d’après mon expérience personnelle », « mon interprétation personnelle », … « Nous estimons », « cette expérience nous laisse penser que… », …

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Hasnaoui, R. (2019, 04 juin). Niveau de langue dans un Mémoire, une Thèse ou un Rapport de stage. Scribbr. Consulté le 11 novembre 2024, de https://www.scribbr.fr/elements-linguistiques/niveau-de-langue-dans-un-memoire/

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Rayan Hasnaoui

Rayan écrit des articles en français pour Scribbr. Il était étudiant il y a quelques mois, ce qui lui fait prendre conscience des différentes exigences académiques. Il essaie d'aider les étudiants en écrivant des articles utiles pour partager ses connaissances.